KAREEN DESBOUIS, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE CARTON ONDULÉ DE FRANCE, PRÉSENTE LES COMBATS DE LA FÉDÉRATION ET INSISTE SUR L’OPPORTUNITÉ DU SALON ALL4PACK EMBALLAGE PARIS POUR LES PROLONGER.
Pouvez-vous présenter la fédération Carton ondulé de France à celles et ceux qui ne la connaissent pas ?
C’est une fédération professionnelle qui a vocation à regrouper tous les fabricants de carton ondulé, ce qui veut dire toutes les entreprises qui possèdent une onduleuse, cette grosse machine qui permet d’onduler des feuilles de papier et d’y contre-coller deux couvertures pour faire la structure du carton que vous pouvez retrouver dans la boîte à pizza, par exemple, ou dans les caisses de déménagement. Parmi les 11 groupes actifs sur ce secteur, nous en regroupons 6, répartis sur 58 sites de production sur les 72 que l’on compte, en tout, en France.
Quel est le rôle de la fédération ?
Tout simplement de représenter et défendre les intérêts de nos membres dans différents contextes, que ce soit réglementaire, normatif ou dans le cadre de discussions avec les autres membres de la filière.
Quelles sont les thématiques sur lesquelles vous vous êtes plus particulièrement mobilisés dernièrement ?
Il y en a beaucoup, puisque l’emballage est un sujet qui préoccupe énormément les pouvoirs publics en ce moment. Dernièrement, nous nous sommes plus particulièrement mobilisés dans le cadre des discussions sur le règlement relatif aux emballages et aux déchets d’emballages qui vient d’être adopté au Parlement européen et qui sera probablement définitivement adopté et publié à la fin de cette année. C’est un sujet qui nous a beaucoup occupés depuis un an et demi et c’est loin d’être fini puisque ce texte sera accompagné de beaucoup d’actes délégués, ces textes réglementaires qui sont un peu au niveau européen ce que les arrêtés ou les décrets d’application sont dans le cadre français.
Quelle était votre ligne dans le cadre de ces discussions européennes ?
Nous avions tout d’abord un sujet majeur : les obligations de réemploi que le législateur voulait imposer et qui n’étaient pas du tout adaptées au cas du carton qui, par nature, n’est pas un matériau qui peut facilement être réemployable puisque c’est un matériau vivant, qui évolue dans le temps, en particulier à cause de l’humidité. En revanche, c’est un matériau très performant au niveau du recyclage. Nous avons donc beaucoup travaillé avec toute la chaîne de décision pour faire valoir le fait que nous, notre système de réemploi, c’est de passer par le réemploi de la matière plutôt que par le réemploi de l’emballage.
Et vous avez été entendus ?
Oui, car nous pouvions nous appuyer sur un certain nombre d’analyses de cycles de vie, qui ont montré que la réutilisation de la matière via le recyclage pouvait avoir moins d’impact sur l’environnement que le réemploi de l’objet « emballage ». C’est d’autant plus vrai que nous avons la chance d’avoir un matériau qui se recycle très facilement. Si je voulais caricaturer, je dirais qu’il suffit de le mettre dans l’eau et tout y est ! Évidemment, c’est beaucoup plus compliqué que ça, mais c’est vrai que le recyclage du carton est particulièrement performant, avec une filière de collecte, de tri, de fabrication qui est établie et efficace avec, en outre, la possibilité de recycler à proximité du lieu d’utilisation.
Autre domaine d’intervention : les filières REP (n.d.r. : responsabilité élargie des producteurs). Quelle est votre position à ce sujet ?
La REP « emballages ménagers et produits graphiques » a été modifiée l’année dernière et est entrée en vigueur au début de cette année. Nous travaillons beaucoup sur cette REP et nous regrettons très fortement que son cahier des charges amène à faire financer le système de réemploi par des éco-contributions prélevées sur les emballages à usage unique. C’est un vrai souci pour nous, d’autant plus que, comme je vous le disais, on ne peut pas participer au marché du réemploi. Mais surtout, les systèmes de REP ont toujours été particulièrement vigilants à respecter la concurrence entre les matériaux et entre les filières et à éviter de faire financer une filière par une autre filière.
Autre REP qui nous préoccupe : la REP « emballages industriels et commerciaux » qui doit être mise en place au 1er janvier 2025 et pour laquelle nous commençons tout juste à travailler avec les pouvoirs publics. C’est un sujet qui nous concerne au premier plan : près de 80 % des emballages qui sont fabriqués par nos adhérents sont des emballages industriels et commerciaux. Et le système fonctionne très bien puisqu’on a un taux de recyclage industriel et commercial qui est de l’ordre de 91 %, sans qu’une REP n’ait été installée et sans aucune obligation de recyclage. Nous sommes donc particulièrement attentifs à ce que la mise en place de cette REP ne ne vienne pas perturber ce qui existe déjà et qui fonctionne.
Comment allez-vous participer au salon ALL4PACK EMBALLAGE PARIS ?
Nous n’aurons pas de stand car cela ne ferait pas forcément sens pour une fédération. Mais nous serons évidemment très présents dans les allées du salon pour rencontrer tous nos partenaires au sein de la filière. Nous allons également organiser une conférence dédiée aux enjeux de notre filière.
Que représente le salon pour vous ?
Pour nous, comme pour tout le monde de l’emballage, c’est évidemment THE place to be ! C’est le meilleur moyen de mettre en valeur le monde de l’emballage et toutes les innovations qui y ont cours. Mais je pense que cette année, c’est aussi le moyen de remettre le rôle de l’emballage au cœur des discussions. Cela fait maintenant quatre ans qu’on parle essentiellement de l’emballage comme un déchet, en passant un peu au second plan tout le rôle de l’emballage et tous les services qu’il apporte. Je pense qu’il convient de revenir à la réalité, de s’éloigner des dogmes et de remettre un peu de science et de réflexion au cœur des débats. Et pour cela, je crois que le salon arrive au bon moment…